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littérature fantastique & merveilleuse - Page 4

  • La Ville engloutie 9 (Le petit Chaperon II)

    murier5.jpgLe Vieux Bombyx fit une pause.  Intérieurement, il jubilait. Pas un seul vers parmi les jeunes enfant-vers du mûrier n'avait bougé depuis qu'il avait commencé son récit. Il était  un vers à soie expériementé et avait roulé sa bosse. Il avait évité beaucoup de désagréments dans sa longue existence, rencontré des gens de tout acabit.  Il s'était battu pour sa subsistance. Il avait plaidé pour garder sa liberté, et son indépendance, argumenté pour  être seul maître de sa déstinée. Il lui avait fallu du temps et des efforts pour gagner le droit  à la tranquilité et au respect. Il savait aussi, comme personne d'autre raconter des  belles histoires et,  biensûr, il savait ménager le suspense. Il se tut donc et observa son auditoire malicieusement.

    Le silence se prolongea jusqu'à ce que les petits vermisseaux du mûrier se mettent à protester. Ils réclamaient la suite.

    - Il est l'heure de rentrer chez vous maintenant les enfants. Je suis fatigué et j'ai besoin de sommeil pour me requinquer. Allez ! Oust ! Je vais dormir.

    - Allons, grand'père ! Tu ne peux pas t'arrêter maintenant ! Juste au moment où Platon est catapulté devant le Capitaine ! Raconte !

    - Que voulez-vous que je raconte ? Vous avez compris ce qui va se passer, non ?

    - S'il te plaît, grand'père !

    Sous son allure bourrue, le Vieux Bombyx avait un coeur sensible et tendre comme du beurre. Il aimait la tranquilité, mais il adorait plus encore la compagnie, et les enfants en étaient une excellente. Ses yeux pleins de malice brillèrent.

    - D'accord ! Puisque vous insistez, je vais bien poursuivre. Mais auparavant, allez me chercher une gouttelette de jus de mûres blanches. J'ai le gosier sec à force de parler !

    Deux d'entre eux, filèrent apporter des grosses mûres bien juteuses qu'ils offrirent au vieux Bombyx qui, rassasié, reprit notre conte.

    Vous imaginez la surprise du Capitaine et de sa compagnie lorsqu'ils virent atterrir devant eux l'agneau qu'ils croyaient mort, arrivant de nulle part, bien en vie et en bonne santé ! Ils s'empréssèrent de l'examiner, et lui posèrent de tas de questions aux quelles il ne put répondre. Malheureusement, Platon fut incapable de dire comment il avait atterri au milieu d'une ruelle juste au moment même où le Capitaine s'y trouvait. De même qu'il fut impossible pour lui de se rappeler quoi que ce soit sur la Sirène des mers.

    - Concentre-toi, Platon ! insista Phyllis. Te souviens-tu quand la Sirène t'a emporté avec elle ?

    - Je me rappelle que nous étions tous assis  tranquillement près de la barque. J'ai voulu regarder la mer et me suis approché de la berge. Ensuite, j'ai glissé et suis tombé. J'ai eu  très peur. Mon coeur battait très fort comme un oiseau qui veut sortir de sa cage  en volant dans tous les sens. Mais après, je me suis senti au chaud et en sécurité. Et avant que je ne comprène ce qui m'arrive et où je me trouve, le Capitaine me bousculait en me posant de tas de questions bizarres.

    Phyllis et Océane entreprirent de raconter à Platon ce qui s'était réellement passé. Elles insistèrent sur de nombreux détails mais rien n'y fit. Platon avait  oublié tout ce qui se produisit avant son enlèvement par la Sirèene des mers.

    - Ce n'est pas grave, Platon, lui dit le petit Chaperon rouge. L'essentiel est que tu sois sain et sauf parmi nous. Tu es sous le choc. Ta mémoire reviendra avec le temps. N'y pensons plus !

    Cependant, le Capitaine ne fut pas du même avis que Phyllis. Il trouvait l'amnésie partielle de Platon étrange. Sans souffler mots aux autres pour ne pas les inquiéter, il décida de surveiller étroitement l'agneau.

    Sur ses entre faits, l'homme qui devait apporter son aide dans les réparations du navire, arriva sur le quai avec sa caisse à outils prêt à partir.

    - Il faut que nous partions tout de suite, histoire de gagner du temps. Si votre navire peut être réparé sur place, nous le ferons. Dans le cas contraire, il faudrait le remorquer vers le chantier naval afin d'apporter les réparations nécessaires.

    - Eh, bien ! Nous sommes prêts, répondit le Capitaine.

    Ils montèrent tous dans le canot, les hommes de l'équipage aux rames, le Capitaine à la barre et s'éloignèrent vers le large là où le vaisseau du Hollandais volant avait échoué sur un banc de sable.

  • La Ville engloutie 8 (Le petit Chaperon II)

    ville portuaire.jpg-  Après Platon, le miroir enchanté ! Voilà qui n'annonce rien de bon, dit le Pêcheur. Décidément, le destin s'acharne contre nous. Vous auriez du me laisser perir en mer, Capitaine. Depuis que vous êtes venu à mon secours, rien ne va.

    - Ne soyons pas pessimistes, lui répondit le Hollandais. Restons solidaires et nous parviendrons à vaincre l'adversité. Pour le moment nous devons aller au chantier naval. Nous aviserons plus tard. Quant à vous, Cracheur de feu, soyez prudent durant notre absence.

    - Je ne suis pas inquiète pour le miroir enchantée. Je pense que nous l'avons laissé dans le navire, dit au bout d'un moment Phyllis. Je crois me souvenir que je l'avais sorti de mon sac avant que nous échouions. Ça doit être ça.N'ayez pas d'inquiétude Capitaine. Nous  attendrons sagement ici votre retour.

    Sur ce, les quatre hommes s'éloignèrent laissant seuls les deux fillettes et le Cracheur de feu.

    Pendant ce temps, la Sirène des mers arriva dans son domaine. Elle déposa l'agneau évanoui sur un tas d'algues, s'installa confortablement et attendit qu'il reprît  ses esprits. Au bout d'un moment, le malheureux animal reprit connaissance. Il secoua sa tête pour chasser les dernières vapeurs d'étourdissement et soupira profondément. Il se remit fébrilement sur ses pattes et chercha Phyllis et Océane du regard. Son petit coeur faillit se rompre lorsqu'il vit la Sirène face à lui.

    - N'aies crainte agneau, je ne te veux aucun mal, le rassura la Sirène. Je t'ai conduit ici parce que je désire certaines informations que tu pourrais me fournir.

    Au son de cette voix,  Platon craintif,  recula de quelques pas se trouvant acculé contre les parois de la grotte. Son lainage blanc se hérissa.  Un sentiment de désespoir l'emplit mais  il s'eforça à ne pas montrer son affolement. Muet, il attendit la suite.

    - Tu étais présent lorsque le Capitaine porta secours au Pêcheur, poursuivit la Sirène. Tu as assisté au sauvetage. Je veux savoir par quel moyen, alors qu'il était voué à la mort, il a pu en réchaper. Aussi, comment le sortilège de la bague-loup que j'avais placé moi-même au doigt de la petite fille a pu se rompre ?  Qui a mis en place le cercle de feu qui m'empêcha d'approcher et reprendre le Pêcheur ? Mais surtout, par quel enchantement le Hollandais parvint à mener son vaisseau à un port alors que le temps imparti n'était pas arrivé à son terme ?

    Au fur et à mesure que la Sirène parlait, Platon prenait courage. Il examina le visage pur de la créature, sa chevelure d'or, son buste d'albêtre, sa queue iridescente, son allure. "Elle est si belle, pensa-t-il. Comment une créature si parfaite puisse se montrer aussi cruelle ? Peut-être qu'elle n'est pas aussi terrible que nous l'avons cru."

    La Sirène qui observait l'agneau, comprit ce qui se passait dans la tête de l'animal, sourit avec bienveillance et d'un hochement de sa crinière dorée encouragea Platon à lui faire confiance.

    Hypnotisé par tant de  beauté et cette  voix mélodieuse et ensorcelante, Platon raconta tout ce qu'il savait :  sa rencontre avec Phyllis,  le Cracheur de feu, comment ils embarquèrent sur le vaisseau du Hollandais volant, les péripéties qu'ils eurent,  le sauvetage du Pêcheur, le cercle de feu, la transformation de Phyllis en loup,  l'arrivée au port du navire. Il répondit à toutes les questions que la Sirène lui posa et se sentit libéré d'un fardeau. Une sorte d'éphorie l'avait gagné. Il s'enhardit et s'approcha de son interlocutrice au point de la toucher.

    La Sirène satisfaite, se pencha et de sa fine main blanche, caressa la tête crépue de Platon, laissant courir ses doigts dans le doux lainage de son pelage. Une sensation étrange parcourut le monstre marin. Habituée à la rudesse des surfaces écailleuses et froides des animaux marins, elle plongeait pour la première fois sa main dans cette tignasse douce, chaude, palpitante. La Sirène apprécia cette sensation et son sourire s'élargit.

    - Tu m'a dit tout ce que je voulais savoir. Je n'ai plus aucune raison de te garder.

    A ces mots, Platon sursauta. Allait-elle lui ôter la vie ? La Sirène compris au regard affolé de l'agneau ses craintes.

    - Non, mouton. Je ne vais pas te tuer. Tu me plaîs. Tu a été courageux et honnête. Pour te remercier, je te ramènerais vers tes amis.

    Platon n'en croyait pas ses oreilles. Il allait partir ! Retrouver Phyllis et ses amis ! La Sirène n'était pas l'abominable créature qu'il fallait éviter à tout prix ! Un sentiment de gratitude parcourut le petit agneau.

    - Avant de nous quitter, je te donne en gage de notre nouvelle amitié ce médaillon. Lorsque tu porteras ton museau sur lui, je le saurais et je viendrais à toi, dit la Sirène et tirant d'un coffret placé à proximité une chaîne d'argent au bout de laquelle pendait un coquillage.

    Elle la passa autour du cou de Platon qui ne dit rien, tant l'émotion l'étranglait. Encore une fois, la Sirène des mers passa sa main diaphane sur le dos de l'agneau après quoi, elle leva les bras au-dessus de sa tête et fit un geste compliqué en murmurant une phrase inintélligible.

    - Adieu, mouton ! Nous nous reverrons très vite ! conclut-elle.

    A peine avait-elle prononçé ces paroles, que Platon eut l'impression de tomber dans le vide. Cela ne dura pas  et pantelant il atterrit sur le révêtement dur d'une ruelle. Devant lui, se tenait le Capitaine, le Pêcheur et les deux hommes de l'équipage.

  • La Ville engloutie 7 (Le petit Chaperon II)

    sorcières4.jpg En voyant son ami fidèle disparaître dans les flots, prisonnier de la Sirène des mers, Phyllis ne put s'empêcher d'éclater en larmes.  Pour la deuxième fois depuis leur rencontre,  Platon était en danger. Mais si la première fois Phyllis avait gardé espoir, ce jour là, au fond de son coeur, elle ne pensait  plus revoir son ami vivant.

    - C'est terrible ! C'en est fini de Platon ! Il ne trouvera jamais l'aviateur ni le petit Prince. Pourtant je lui avais promis de l'aider... J'ai échoué, se lamentait-elle.

    En vain Océane essayait de la consoler. Phyllis s'en voulait pour sa crédulité et sa négligeance. Comment avait-elle pu tomber dans un piège aussi grossier et croire que la Sirène était sa mère ? Comment n'avait-elle pas compris l'imposture ?

    - C'est naturel, Phyllis, lui dit le Cracheur de feu. Ta maman te manque, alors ton désir de la revoir, d'être au près d'elle t'a aveuglé. N'importe qui à ta place en aurait fait pareil. Moi-même je pensais sérieusement que ta maman t'avait retrouvé. Pas un seul instant je ne me suis douté !

    - Non, mon bon Cracheur de feu, tu n'arriveras pas à justifier ma conduite. J'aurais du connaître ma vraie maman. Depuis le début j'agis sans réfléchir et voilà le résultat. Platon est en danger de mort et peut-être que nous ne le verrons plus jamais vivant !

    Pendant que le Cracheur de feu et Océane tentaient de remonter le moral à Phyllis, le Capitaine, le Pêcheur et les deux hommes de l'équipage s'activaient. Ils chargèrent  le canot de provisions et des matériaux qu'ils avaient acheté dans une coopérative marine en vue de réparer le navire.  Puis, le Capitaine laissa les marins s'installer  pour la nuit dans le canot afin d'éviter les mauvaises surprises. Ceci fait, il conduisit ses amis à un petit hôtel qu'il avait répéré tantôt dans une rue non loin du port. Il réserva deux chambres pour la nuit , s'assura qu'ils seraient tous en sécurité et s'enferma dans sa chambre avec le Pêcheur.

    Les heures passèrent et les deux hommes ne s'étaient pas encore montrés. Le Cracheur de feu raconta des histoires aux deux jeunes filles, fit quelques tours de préstigititation pour tromper leur ennui en attendant, et Phyllis et Océane finirent par s'endormir pelotonnées l'une contre l'autre. Ce n'est que le lendemain matin que la porte du Capitaine s'ouvrit. A leur aspect fatigué, leurs yeux rouges et leur cheveux hirsutes on pouvait constater qu'ils n'avaient pas dormi de la nuit.

    - Allons au port, lança le Capitaine. Il faut s'assurer que rien de fâcheux n'est arrivé aux hommes de l'équipage et que notre canot est intact.

    Le soleil pointait à peine lorsqu'ils arrivèrent au môle. Le canot n'avait pas bougé depuis la veille et les marins émergeaient juste d'un sommeil profond et réparateur. Après une inspéction minutieuse, le Capitaine annonça:

    - Je dois retourner au chantier naval de la ville pour trouver quelqu'un   qui accepte  de nous accompagner sur le navire pour nous aider à réparer les dégats. Phyllis et Océane, vous restez avec le Cracheur de feu et le Pêcheur ici.  Pour plus de sûreté, je désirerais emporter avec moi le miroir enchanté afin de rester en contact avec vous. Veux-tu bien me le prêter, Phyllis ?

    Le petit Chaperon acquiéça et ouvrit son sac à dos pour extraire l'objet. Elle chercha au fond du sac, puis elle sortit un à un les vêtements et les quelques objets qu'il contenait ; le miroir enchanté était introuvable.

     

  • La Ville engloutie 5 (Le petit Chaperon II)

    ville port4.jpg Midi venait à peine de sonner lorsque la caravane arriva en haut d'un col étroit qu'elle franchit. Au bout de la file des voyageurs quelqu'un cria halte et  dans un piaffement de chevaux, les roulottes stoppèrent l'une après l'autre. De cette hauteur, on pouvait contempler à contre-bas,  une vallée qui s'étendait nonchalante jusqu'aux abords des constructions d'une belle ville rose et blanche. Au delà,  à perte de vue, la mer.

    Après le déjeuner que les forains offrirent à nos amis, ils reprirent la route et ne tardèrent pas à entrer dans la ville où on devait installer les manèges et autres attractions pour la fête de la Pentecôte et du printemps. C'est sur la grande place de la ville que Phyllis, le Capitaine et leurs compagnons prirent congé des forains et se dirigèrent vers le port où ils retrouvèrent avec bonheur leur canot amaré.

    Renseignements pris, le Capitaine et les deux hommes de l'équipage se chargèrent de trouver de l'aide pour le navire alors que Phyllis, Océane et Platon, restèrent près de la barque en compagnie du Cracheur de feu et du Pêcheur.

    Il faisait beau et chaud et en ce début d'après midi, et les promeneurs qui empruntaient le Sentier des Douaniers s'arrêtaient pour discuter avec les nouveaux venus. Soudain, Phyllis sursauta. Parmi la foule des promeneurs qui allait et venait sur la jetée, elle crut apercevoir la silhouette d'une femme qui ne lui était pas inconnue !  Elle pensa d'abord que son imagination lui jouait des tours, que la fatigue du voyage et le peu de sommeil lui  donnaient  des hallucination. Cependant, se levant, le petit Chaperon fit quelque pas hésitants en direction de l'inconnue, sans entendre les appels de ses amis qui la voyant ainsi, s'inquiétèrent.  Comment cela était-il possible ? Sans trop mesurer ce qu'elle comptait faire, Phyllis se mit à suivre cette silhouette qui continuait tranquillement son chemin. La petite fille ne voulait pas la perdre de vue et accéléra le pas. Lorsque devant une vitrine, la femme s'arrêta pour regarder quelque chose, Phyllis profita de cette occasion pour signaler sa présence et toucha  le bras de cette femme. L'inconnue se tourna vers Phyllis que la surprise avait clouée sur place.  Puis, sans qu'elle sût  comment elle se trouva dans les bras de la dame entre rires et pleurs à la grade surprise du Cracheur de feu qui avait suivit Phyllis, et qui s'apprêtait à intervenir.  Aussi incroyable que cela pouvait paraître, Phyllis se trouvait nez à nez avec sa maman !

    La première surprise passée, Phyllis présenta sa maman à ses amis.

    - Maman chérie, tu m'as tellement manqué !  Je suis si heureuse de te retrouver !

    - Moi aussi ma chérie. Dès que j'ai reçu ta première lettre, j'ai décidé de te rejoindre quel qu'en soit la difficulté. J'ai eu de la chance que tu m'est raconté tes aventures dans le moindre détail car j'ai pu suivre les étapes de ton voyage et mieux te localiser.

    On bavarda longuement. La mère  de Phyllis raconta comment elle avait atterri dans la ville d'Ys et pria le Pêcheur et le Cracheur de l'apeller par son prénom, Iris.

    - Je sais que nous nous connaissons pas encore, mais vous avez été gentils avec ma petite fille et je vous suis reconnaissante.

    - Oh, maman ! Attends que le Capitaine revienne. Tu verra quel homme gentil et courageux il est !  Il a pris soin de moi, de Platon et d'Océane aussi !

    Cependant, lorsque le Capitaine rejoignit le groupe dans la soirée, il ne parût pas apprécier la venue de la mère de Phyllis.